Labbé, Gruau et l’international

Publié le 14 Novembre 2013

A l’occasion des 65 ans de Labbé, filiale de Gruau, les responsables du carrossier nous ont ouvert les portes du site de Lamballe (22). L’occasion de faire le point avec Patrick Gruau sur les activités de son groupe en France et à l'international.

Les bonnes nouvelles étant plutôt rares dans le secteur de l’industrie, c’est avec une certaine fierté que Philippe Quentin, directeur de Labbé, a fait visiter l’usine de Lamballe à la presse. Ce fief du carrossier, qui a produit en 2012 près de 2 300 fourgons grands volumes 3,5 tonnes et détient environ un tiers du marché français de cette spécialité, est devenu filiale du groupe Gruau en 2002. A noter que depuis juillet dernier, Labbé assure la réception communautaire (RCE) du fourgon 20 m3 Iveco Daily et qu’en 2014, ce sera également le cas pour le Sprinter Fourgon. Cette démarche permet au client d’immatriculer ses véhicules partout en Europe sans démarche particulière. Une façon pour Labbé de soutenir ses ventes à l’export et, notamment, de se positionner sur les appels d’offre européens. Philippe Quentin a indiqué qu’à court terme, 80 % des fourgons Labbé bénéficieront de la RCE.

Labbé a parallèlement conservé une activité dans les poids lourds, un héritage des années 70 durant lesquelles la marque s’était spécialisée, sous l’impulsion de son créateur Fernand Labbé, dans les camions de déménagement. Ainsi, en 2013, près de 220 remorques gros tonnage sortiront des ateliers du carrossier breton. Toutes activités confondues, Labbé réalise un Chiffre d’affaires d’un peu moins de 19 millions d’euros et emploie 120 salariés.

Les ambitions de Gruau

Cette visite chez Labbé a aussi été l’occasion d’échanges fructueux avec Patrick Gruau, président du groupe éponyme, qui est d’abord revenu sur la situation de la carrosserie française en rappelant qu’elle assurait du travail à 23 000 employés, réalisait 3,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires et que le « 3,5 tonnes, une création française, est presque devenu une norme européenne, puisque même les Allemands se sont alignés ». Sur ce marché, Gruau occupe une place de choix, avec 195 millions de CA cette année (contre 178 millions l’an dernier), et plus de 1 000 salariés qui réalisent 40 000 transformations par an. Le dirigeant rappelle néanmoins que la situation reste très difficile, avec un marché VUL européen au plus bas depuis 15 ans et une politique économique actuellement illisible qui lui fait dire non sans humour qu’« actuellement, j’ai trois handicaps : je suis dans a)l’industrie b)automobile c)française »… Une situation qui ne l’empêche pas d’aller de l’avant avec ses équipes, car « le positionnement de Gruau, c’est d’être sur tous les secteurs de l’utilitaire, d’être un véritable multi-spécialiste », précise-t-il. Une stratégie illustrée ces dernières années par de nombreux rachats de sociétés dans tous les les secteurs (grands volumes avec Labbé, bien sûr, mais aussi TPMR, véhicules sanitaires, BTP, ambulances, véhicules funéraires, etc). « Notre objectif est d’atteindre 250 millions de CA, mais nous n’ambitionnons plus d’achats en France. Notre croissance sera externe. Nous devons devenir un acteur global de l’utilitaire », affirme Patrick Gruau, qui ne cache pas que ses prochains achats pourraient se réaliser outre-Atlantique. « Les marchés des véhicules utilitaires canadiens et américains s’européanisent de plus en plus, avec une demande croissante pour des camions légers de livraisons dans les agglomérations. Le succès du Sprinter de Mercedes là-bas en est un parfait exemple ». Et d’enfoncer le clou : « le vrai challenge, c’est l’international. ». Patrick Gruau n’en dira pas plus sur les entreprises et les secteurs convoités, mais précise que ces projets ne changeront pas la nature de l’entreprise, qui restera « familiale » et indépendante.

Jérôme Guet, photos DR

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