Patrick Cholton, Président de la Fédération Française de Carrosserie, Industrie et Services (FFC) et du Salon Solutrans

Publié le 21 Septembre 2015

Patrick Cholton, Président de la Fédération Française de Carrosserie, Industrie et Services (FFC), revient sur le rôle central de la FFC pour la filière de la carrosserie, et nous expose les grandes lignes du Salon Solutrans de novembre prochain.

TLVU - Pouvez-vous nous exposer en quelques mots le rôle et le poids de la FFC aujourd'hui ?

Patrick Cholton - La FFC est la fédération la plus ancienne de France dans le domaine de la carrosserie industrielle. Nous fêterons d’ailleurs ses 170 ans au salon Solutrans en novembre prochain ! Elle est composée de 3 branches : carrossiers-constructeurs, carrossiers-réparateurs et équipementiers. Cela nous permet d’avoir une vision large. C’est aussi dans ce but que la FFC est propriétaire du salon Solutrans et que je suis vice-président du salon Equip’Auto.

Dans le domaine des transports, nous sommes la seule fédération habilitée à travailler avec le Ministère des transports. La FFC a donc une place véritablement centrale. Elle assure une veille réglementaire et possède un service technique apte à répondre à toutes les questions de ses adhérents. Elle est à l’origine, avec l’UTAC, des « opérateurs qualifiés ». C’est-à-dire qu’un carrossier-constructeur peut aujourd’hui homologuer lui-même son véhicule, sans passer par les Mines. La FFC est d’ailleurs co-fondateur de l’UTAC. En résumé, on ne fait pas de bruit, mais on travaille dur, et sur le fond !

« On fait de l’innovation notre cheval de bataille. Sans elle, personne ne peut plus avancer. »

Quelle place occupe un salon comme Solutrans dans cette organisation, et pour quelles ambitions ?

Solutrans va fêter sa 13ème édition en novembre prochain. Le salon se déroule à Lyon depuis plusieurs années, car la région Rhône-Alpes est la première région de France dans le domaine de l’automobile et du poids-lourd, avec notamment la présence de Renault Trucks. Solutrans est devenu depuis deux éditions le numéro 2 en Europe derrière le salon d’Hanovre, et le numéro 1 en terme d’innovation. On fait de l’innovation notre cheval de bataille. Sans elle, personne ne peut plus avancer. Solutrans est aussi un outil extraordinaire pour mettre en avant nos adhérents et les aider à se faire connaître et à vendre. Et quoi de mieux qu’être propriétaire de son salon pour y parvenir ?

Le 2ème pilier est l’internationalisation du salon. Elle s’accélère tant au niveau des exposants que des visiteurs alors que, parallèlement, un certain nombre de salons spécialisés nationaux ont baissé le rideau (Belgique, Hollande, Italie). Si l’on excepte Birmingham, qui reste très local, ne restent plus que Hanovre et Lyon comme grands salons internationaux des transports.

Quelle place l’édition 2015 de Solutrans réservera-t-elle aux utilitaires légers ?

Les véhicules utilitaires auront une place de choix, puisqu’un « Village VUL » leur sera entièrement consacré. Nous profiterons aussi de cette occasion pour mettre en avant une filière. En l’occurrence, le bâtiment, qui peine à sortir de la crise. En partenariat avec la CAPEB et la CNATP qui auront un stand sur ce village, nous allons faire venir les artisans du BTP. L’idée est de leur montrer la richesse de l’offre et le savoir-faire des constructeurs et carrossiers-constructeurs, souvent peu mis en avant dans les concessions. Ce sera aussi l’occasion pour les vendeurs des réseaux de rencontrer les acteurs industriels du secteur.

Quels sont, selon vous, les principaux défis auxquels devront répondre les acteurs de l'utilitaire léger dans les prochaines années, et comment la FFC peut-elle les accompagner ?

Le problème majeur de l’utilitaire léger est le poids, la fameuse barrière des 3,5 tonnes. La FFC travaille avec ses partenaires pour voir comment on pourrait passer à 4 tonnes. Le sujet est très difficile car il concerne plusieurs ministères, et bouger les lignes implique un grand nombre de conséquences dans bien des domaines. De plus, le sujet doit aussi se traiter au niveau européen, et c’est encore plus compliqué ! La FFC fait donc un travail de lobbying auprès des députés français et des responsables européens. C’est un travail long, mais on y arrivera !

L’autre défi concerne la problématique du « dernier kilomètre ». Aujourd’hui il faut 3 véhicules différents pour livrer des salades, des produits congelés et de la messagerie. Ne pourrait-on pas imaginer un seul et même véhicule aménagé pour s’acquitter de ces 3 missions ? C’est sur ce genre de défi que planche le FFC avec de nombreux autres acteurs de la filière des transports. Les restrictions de circulation dans les métropoles vont se multiplier pour les utilitaires classiques. Il faut donc repenser dès aujourd’hui les véhicules (leur électrification est une des voies), mais aussi les modes de distribution.

« La carrosserie et la mécanique ne sont plus synonymes de cambouis, mais de métiers de haute technicité. Sur ce plan, on a complètement changé d’univers. »

Solutrans mettra en avant les formations et les métiers du transport et de la carrosserie, au sein d'un espace dédié conçu pour accueillir notamment les lycéens. Percevez-vous une évolution dans la perception qu'ont les jeunes de cette filière ?

On s’est aperçu qu’il fallait qu’on change notre discours auprès des jeunes. La carrosserie et la mécanique ne sont plus synonymes de cambouis. L’électronique embarquée et l’informatisation ont transformé ces métiers. On assiste à l’arrivée des scanners 3D, des imprimantes 3D, etc. On a complètement changé d’univers. Les postes que l’on offre aujourd’hui dans les métiers de la carrosserie automobile sont véritablement des postes d’avenir. D’où l’intérêt d’organiser un « village formation » à Solutrans pour montrer aux jeunes que cette filière a beaucoup à offrir, tant en termes d’emplois que d’évolution de carrière.

Une fédération ne peut pas avancer si elle n’a pas un secteur « formation » fort. Ce que l’on veut finalement, ce sont des gens qui aiment leur métier et qui soient très pointus dans leur domaine. Car il en va de notre savoir-faire, qui est notre arme principale. Elle est en effet reconnue de tous et notamment de nos concurrents allemands.

Quelle est la tendance des réservations d'espaces sur le salon à quelques semaines de l'ouverture ?

Nous sommes d’ores et déjà bien au-delà des surfaces allouées lors de la précédente édition de 2013, qui était un bon cru. On a donc décidé de s’agrandir encore pour accueillir les exposants qui se décideront au dernier moment. Et l’on sait par expérience qu’il y en a beaucoup !

Propos recueillis par Jérôme Guet

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