Fuso Tramagal : de Berliet à Daimler Trucks

Publié le 02 Juillet 2014

L'usine du Fuso Canter de Tramagal, au Portugal, a fêté ses 50 ans cette année. Une aventure industrielle commencée avec Berliet et qui continue sous les couleurs de Daimler Trucks, actionnaire majoritaire de Mitsubishi Fuso depuis 2004. Visite.

A l'origine, Berliet et la famille Duarte-Ferreira

Chaque usine a son histoire. Celle de Tramagal n’est pas banale puisqu’elle commence en 1964 sous coopération franco-portugaise. La famille Duarte-Ferreira et la firme Berliet créent cette année-là une entreprise conjointe (joint venture) pour le montage des camions français en CKD (« completed knocked down »). En clair, les véhicules arrivent des usines françaises et espagnoles en pièces détachées et sont assemblés sur place, une procédure courante pour pouvoir commercialiser des véhicules dans des pays qui ne faisaient pas partie de la CEE (le Portugal n’en sera membre qu’à partir de 1986).

L’usine assemblera jusqu’en 1974 environ 5000 camions, essentiellement militaires, puis les difficultés de Berliet s’accentuant, l’usine de Tramagal se tournera vers d’autres marques pour survivre. Une période difficile s’ouvre, qui prendra fin en 1980 lorsque l’importateur de Mitsubishi au Portugal reprend le site et commence l’assemblage du Fuso Canter, mais aussi des pick-up L 200 et du 4x4 Pajero pour le marché local. En 1990, la maison-mère Mitsubishi Motors Corporation se porte acquéreur de l’usine et décide de centrer l’activité sur la production du seul Canter, pour la diffuser sur les principaux marchés européens. L’usine prend alors sa configuration actuelle, et en 2004, Daimler Trucks acquiert la majorité des parts de Mitsubishi Fuso.

Plus de 30 millions d’investissements

Aujourd’hui, le site de production s’étend sur près de 40 000 mètres carrés et emploie un peu plus de 300 employés. Toutes les versions du Fuso Canter y sont produites, y compris les récentes versions hybrides et 8,5 tonnes. L’effondrement des marchés automobiles sud-européens depuis 2009 a impacté l’activité, qui tournait encore au ralenti, à raison d’une vingtaine de véhicules produits pas jour, lors de notre visite. Daimler n’en a pas pour autant réduit les investissements en prévision de la reprise, en investissant ces trois dernières années 27 millions d’euros pour moderniser les lignes, auxquels il faut ajouter 5,5 millions  (plus 3 millions d’euros du gouvernement portugais) pour la fabrication sur place des batteries de traction du Canter E-Cell.

Actuellement, le taux d’intégration local est d’environ 75 %. Châssis, amortisseurs, pneus, systèmes d’éclairage, sièges et garnitures d’habitacle viennent de fournisseurs européens, essentiellement portugais et espagnols. Le moteur diesel dérivé de celui de l’Iveco Daily vient quant à lui d’Italie (Fiat PowerTrain), tandis que l’unité essence qui équipe la version hybride vient directement du Japon. L’usine mère de Kawasaki fournit aussi les panneaux de carrosserie qui sont soudés et peints à Tramagal, des éléments pour les essieux, les systèmes de direction, de chauffage et de climatisation, la boîte automatique « Duonic » et tous les composants électriques.

4 500 Fuso Canter sont sortis des lignes de Tramagal en 2013. C’est peu. Mais l’usine, qui a profité de ces années de vaches maigres pour se moderniser, est fin prête pour la reprise, qui s’annoncera forcément un jour ou l’autre...

Par Jérôme Guet – Photos J.G. et D.R.

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