Wormhout : Dans l’antre de Dhollandia

Publié le 14 Juin 2013

Ils équipent près d’un quart des véhicules utilitaires, mais l’on ne parle pourtant jamais d'eux. Reportage dans la plus grande usine française de hayons : le site de Dhollandia France à Wormhout (59).

Texte et photos : Clément Mellin


Dhollandia en chiffres


5 : nombre de sites de production dans le monde

150 kg à 16 T : capacités de levage des hayons Dhollandia

15 000 : nombre de hayons produits par an à Wormhout (59), dont 80 % destinés à la France

28 000 : nombre de hayons vendus dans le monde en 2012

200 : nombre d’employés dans l’usine française de Wormhout

15 : nombre de jours nécessaires pour la production / livraison d’un hayon

50 M€ : chiffre d’affaires annuel du groupe


C’est au tournant des années 60, avec l’essor de la grande distribution, que Dhollandia a vu le jour. À l’époque, les grandes enseignes utilisent de plus en plus des palettes à roulettes pour faciliter le transport et la manutention des marchandises. Mais si ces dernières se manœuvrent aisément au sol, elles restent néanmoins difficiles à embarquer et débarquer des camions. C'est là qu’intervient la famille Dhollander, qui va reprendre l’idée développée par Edward Ratcliff à la fin des années 50. Le système est simple - une plaque de tôle commandée par deux câbles et une manivelle – mais nécessite d’être améliorée. Tâche à laquelle va dès lors s’atteler la société, à travers son usine belge d’où vont sortir les premiers hayons électro-hydrauliques.


« Made in France » depuis 30 ans

Avec 28 000 hayons vendus par an, l’entreprise a aujourd’hui pris son envol. Le petit industriel belge des débuts est en effet devenu le plus grand constructeur européen de hayons élévateurs. L’implantation de quatre « ateliers » en France, en Irlande, en Slovaquie ainsi qu’au Brésil a permis à l’entreprise de s’attaquer à de nouveaux marchés et de fournir des hayons à une quarantaine de pays dans le monde.

En France, c’est en 1984 que l’entreprise est créée, sous l’impulsion de l’actuel P-D.G. Marc Gamblin. L’emplacement de Wormhout (59) est stratégique : en plein cœur du bassin industriel de Dunkerque et à quelques kilomètres de la frontière belge. Surtout, l’équipementier voit la demande exploser de toutes parts : la location de courte durée, les sociétés de transports, les artisans commerçants, le BTP, etc.

Si les utilitaires ont aujourd’hui du retard sur les poids–lourds en termes d’équipement en hayon (un VU sur quatre contre un PL sur deux en est muni), cet écart tend toutefois à se resserrer. La densification de la circulation en ville, couplée à l’accès restreint aux poids-lourd, a largement contribué à l’augmentation du taux d’équipements des VU. D’autant que ce système de levage a permis de rentabiliser les tournées, en réduisant l’immobilisation des véhicules lors des chargements et déchargements en ville.

En 2005, la législation a également apporté un petit coup de « boost » au secteur, en rendant obligatoire d’ici 2015 l’aménagement de rampes d’accès ou de hayons élévateurs sur les services de transport collectif pour personnes handicapées ou à mobilité réduite (voir encadré). A défaut, elle imposera de mettre à disposition des véhicules adaptées. C’est donc dans cette conjoncture favorable que l’entreprise a fait son nid, en cultivant néanmoins sa singularité.


L’innovation technique et technologique

Actuellement, en France, plus de la moitié du parc roulant de hayons est composé de matériel Dhollandia. Soit, dans les faits, quelque 160 000 pièces ! À Wormhout, il en sort une cinquantaine par jour et près de 15 000 par an (dont 80% destinés au marché français). Les chiffres interpellent. Mais les clés du succès sont connues. L’entreprise s’est en effet forgé une solide réputation, avec des produits de qualité qui ont bénéficié d’améliorations continues ces dernières années.

Il y a eu tout d’abord le traitement des surfaces par cataphorèse (KTL), cette peinture industrielle qui offrait déjà à l’acier une grande résistance, mais qui ne le protégeait pas assez de l’oxydation. Du coup, le bureau d’études de l’entreprise s’est remis au travail et a mis sur pied un nouveau procédé pour protéger davantage l’acier de ses équipements : la galvanisation à chaud. Utilisée depuis l’an dernier, cette technique a fait augmenter l’espérance de vie des hayons de la marque de dix ans (voir encadré). Au grand bonheur des transporteurs, aussi soucieux de la longévité et de l’esthétisme de leur véhicule que de la rentabilité de leurs équipements.

L’innovation, chez Dhollandia, est aussi technologique. Il y a une quinzaine d’années, par exemple, l’entreprise investit dans un nouveau type de machine de découpe au laser. Une petite révolution dans la fabrication des hayons élévateurs ! Ces machines ont en effet permis des découpes nettes et rapides de nombreux matériaux jusqu'à 25 mm d’épaisseur. De quoi faire gagner de la charge utile aux véhicules – utilitaires particulièrement – avec des pièces moins lourdes, mais toutes aussi résistantes. L’assemblage s’en est aussi trouvé facilité puisque les pièces sont découpées avec une extrême précision. Pour les pièces les plus lourdes, l’usine est par ailleurs équipée de machines de découpe plasma, pouvant scinder des pièces de 50 mm d’épaisseur, avec une précision de plus ou moins 0,2 mm. De quoi éviter les bavures occasionnées auparavant par le chalumeau découpeur…


90 % des composants produits sur place

Par rapport à la concurrence, Dhollandia peut aussi se targuer de disposer de délais de livraisons très courts, de l’ordre de 3 semaines en moyenne. La recette est simple : l’usine de Wormhout produit 90 % des composants de ses hayons. Ces pièces sont fabriquées dans le centre d’usinage des métaux et de technologies de traitement de surface, où elles sont découpées, formées, soudées, fraisées tournées, traitées avant d’être assemblés. Les pièces en plastiques sont de leur côté importées du site slovaque de la marque, tandis que les pièces électriques viennent d’un fournisseur bulgare. L’entreprise n’emploie en revanche aucun composant électronique, notamment dans ses boîtiers de commande. Histoire d’assurer une longévité plus importante à ses produits.


Une foule de services

Loin de s’arrêter à la simple conception des hayons, Dhollandia a également développé un véritable service après vente. Un réseau de 250 partenaires et deux ateliers en Ile-de-France assurent en effet l’entretien et la réparation des hayons du groupe. Sur les 160 000 hayons Dhollandia en circulation, 10 % sont ainsi sous contrat d’entretien et de contrôle avec la marque. Une plateforme d’assistance européenne, disponible 24h/24 et 7j/7, a aussi été créée, pour pouvoir intervenir en cas de problème. Enfin, la société – via son bureau d’études - n’a de cesse de proposer des hayons sur-mesure ou adaptés à de nouveaux corps de métiers. Histoire de continuer à grandir, tout en relevant de nouveaux défis !


Galvanisation à chaud, la finition anti-corrosion

Résistance à la corrosion et aux chocs, imperméabilité, adhérence… La galvanisation à chaud de l’acier est une finition haute qualité qui s’applique à la plupart des gammes de hayons de la marque (des traditionnels rabattables jusqu’aux rétractables), dès la finition Standard. Ce procédé, employé depuis l’an dernier par Dhollandia, permet d’augmenter l’espérance de vie d’un hayon de dix ans ! La technique consiste à plonger les pièces d’acier dans un bain de zinc fondu à 460°C. À cette température, le zinc fondu s’allie à l’acier, créant des alliances de zinc-fer qui ne laisse aucune chance à la corrosion. D’autant que, dès la sortie du bain et au contact de l’atmosphère, une patine de zinc supplémentaire se forme à la surface du hayon, le rendant ainsi imperméable. Une fois séchés, ces derniers sont ensuite contrôlés pour être conformes à la norme ISO 1461. Précédée par de nombreuses étapes (dégraissage, décapage, rinçage, fluxage, séchage…), la galvanisation à chaud permet aussi de récupérer le zinc, la chaleur et l’eau utilisées pour les réintroduire dans le cycle.


Revêtement PIEK, la solution antibruit

Depuis 2006, l’entreprise a développé un revêtement anti-bruit labellisé PIEK. Ce revêtement, composé de peinture et de caoutchouc issu des résidus de pneus, permet de réduire le bruit au seuil de 60 dB. Idéal, donc, pour les livraisons urbaines matinales ou nocturnes, très en vue notamment dans le transport frigorifique. Aussi, et même si ce n’est pas sa fonction première, ce revêtement se révèle anti-dérapant.


Zoom : Le hayon extra-light

Dans le petit monde de l’utilitaire, le hayon élévateur à colonnes DH-VOCS.07 n’a pas fini de faire parler de lui ! Son concept ? Incorporer sur une seule pièce le cadre arrière et le hayon élévateur. Mais l’équipementier va plus loin, en optimisant également la charge utile. Le hayon ne pèse ainsi que 185 kg, pour une capacité de levage de 750 kg ! La concurrence n’a qu’à bien se tenir…


Que dit la réglementation ?

Aucune législation n’oblige les entreprises ou particuliers à équiper leurs véhicules d’un hayon, tant que le port de charge répété n’excède pas 55 kg pour les hommes et 25 kg pour les femmes. La loi du 11 février 2005 pour « l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées » dispose néanmoins que la chaîne de déplacement doit être mise en accessibilité aux personnes handicapées ou à mobilité réduite. Autrement dit, d’ici 2015, les services de transports collectifs (autocars, bus, tramways…) devront s’équiper de système d’accès (hayons élévateurs ou rampes). En cas d’impossibilité, des moyens de transport adaptés - type minibus ou fourgons par exemple - devront être mis en œuvre.

Par ailleurs, la manœuvre d’un hayon ne peut être confiée qu’à une personne formée pour l’utiliser. Des règles de sécurité sont aussi en vigueur. Le hayon ne peut par exemple servir de pont de liaison et le déplacement du véhicule ne doit se faire que si le hayon est en position route. L’arrêté du 1er mars 2004 paru au journal officiel rappelle aussi qu’une vérification doit être réalisée après la mise en service, la remise en service (après démontage ou remontage) et qu’une révision générale par un personnel qualifié doit également avoir lieu tous les six mois. 

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